Le Sierra Alpha, un sprinter de fond

Dès le 23 mars 1971, c’est-à-dire quelques mois seulement après que les prototypes français et anglais aient atteint Mach 2, Henri Ziegler envoyait au gouvernement français, une lettre garantissant de manière formelle que Concorde satisferait les performances de charge utile et de rayon d’action prévus par les contrats, c’est à dire Paris – New York à Mach 2 avec 10 tonnes de charge. En écrivant cela, il faisait le pari que les Anglais tiendraient leurs engagements concernant le développement du moteur Olympus, ce qu’ils firent.

Encore fallait-il le prouver et c’est ce que fera le Sierra Alpha, le Concorde de présérie français, au cours de l’année 1973. Le 23 février, pour son 15ème vol, il parcourt 6000km soit l’équivalent de la distance Paris New York. Après avoir décollé de Toulouse, il passe en supersonique au niveau du Bassin d’Arcachon et accélère vers Mach 2 en direction de l’Islande. Après avoir fait demi-tour au niveau de Reykjavik et du volcan Helgafell il revient vers Blagnac où il atterrit après 3h27 de vol dont 2h37 à vitesse supersonique. Il va transformer l’essai le 6 mars en parcourant une distance correspondant à Paris Washington soit 6300km avec une charge marchande de 11 tonnes. Cette fois-ci le vol partira vers le sud et l’Ile de Madère. Les réserves à l’arrivée sont de 10 tonnes.

Le Sierra Alpha dans sa première livrée Aérospatiale BAC

Ces 2 vols confirment la prédiction d’Henri Ziegler de 1971 et finissent de convaincre les initiés. A partir de ce moment, le Sierra Alpha va se transformer en représentant de la marque Concorde. Il changera de livrée pour apparaître aux couleurs d’Air France à bâbord et British Airways à tribord.

26 juin 1974, le Sierra Alpha à Brétigny aux couleurs de British Airways et d’Air France

Il fera découvrir le vol supersonique à de nombreux invités. L’apothéose se produira le 26 septembre 1973, lorsqu’il reliera Washington Dulles à Paris Orly avec 32 passagers de haut rang. Henri Ziegler sera accompagné, entre autres, de Robert Galley ministre des Armées, Harding Lawrence président de Braniff et son épouse, Pierre-Donatien Cot directeur général d’Air France, Bernard Lathière directeur des Transports Aériens et son collègue anglais Mr Binning directeur du programme en Grande Bretagne.

Ce jour-là, le pari était gagné !

PG

Infos : « La petite encyclopédie des Concorde français » par Philippe Borentin
« La grande aventure de Concorde » par Henri Ziegler disponible en version numérique