« Le WTSB cet inconnu »
Par Philippe Borentin et Pierre Grange
C’est le 6 janvier 1973 que le Concorde 1 prend son envol sous les couleurs d’Air France bien qu’il ne soit pas destiné à être utilisé par la Compagnie.

6 janvier 1973, 1er atterrissage du Concorde 1
© Airbus Heritage 1973
Cet avion est conforme à la définition de série mais c’est aussi un avion d’essai qui doit terminer la certification, une étape cruciale avant la mise en exploitation. Citons quelques-unes de ses contributions majeures :
- Mise au point des entrées d’air. Du 4 octobre au 27 novembre 1974, il est l’avion d’essai de mise au point et de certification des entrées d’air. Il atteint, le 17 octobre la vitesse maximale jamais atteinte par un Concorde : Mach 2.23. Citons Gilbert Defer qui pilotait ce jour-là : « pompage garanti à 1380 nœuds de vitesse sol (2560 km/h) … ça fait des souvenirs ! »

Concorde 1 et son homologue anglais, le Concorde 2, à Casablanca fin 1974
© Airbus Heritage 1974
- Ouverture de New York. Deux jours après que la Cour Suprême américaine ait autorisé Concorde à atterrir à New York, Concorde 1 se présente en approche à Kennedy et surprend les spectateurs en faisant une arrivée « à pas de loup ! ». En vérité tout le monde attend son bruit au décollage ! Il effectue les 20, 21 et 22 octobre 1977 trois décollages à masse élevée, représentative d’un vol retour vers l’Europe, sans excéder le bruit maximal autorisé. Ce dernier obstacle avant la mise en ligne sur JFK était certainement le plus redoutable.

- Préparation à la mise en ligne de janvier 1976.
- Formation des premiers équipages. Afin de former les commandants de bord et mécaniciens navigants qui seront aux commandes lors des vols d’endurance, le Concorde 1 sera utilisé pour l’entraînement hors ligne, c’est-à-dire sans passagers à bord, à la fin du mois d’avril 1975 à Dakar.
- Endurance. L’objectif des vols d’endurance est de se placer dans les conditions d’exploitation en ligne pour montrer que l’appareil peut effectuer des vols commerciaux avec fiabilité. Ce fut, au mois de juin 1975, la tâche incombant au Concorde 1 avec des équipages mixés Air France – Aérospatiale.
- CDVE. Avant d’être mis à la retraite, il passe le relais au programme Airbus en testant en vol un système de commande de vol électrique (CDVE) complet préfigurant celui qui équipera l’A320 quelques années plus tard. Il dispose pour l’occasion d’un mini manche

Cockpit du Concorde 1 avec le mini manche en place gauche
© Airbus Heritage 1978
Depuis sa mise à la retraite en avril 1985 il est la propriété de l’Académie de l’Air et de l’Espace qui a engagé, en 2023, une procédure de classement ayant abouti le 10 avril 2025. Ce jour-là, Madame Rachida Dati, ministre de la Culture, signait l’arrêté portant classement au titre des monuments historiques de l’avion Concorde 1. Arrêté N°23 de classement monument historique du Concorde 1
Par cette reconnaissance nationale, Concorde 1 témoigne de la grande aventure technologique que fut le programme Concorde.
PB – PG
A cette occasion, l’APCOS publie le seul livre retraçant la vie de cet appareil. “Concorde 1″ est disponible sur la boutique Apcos au prix de 25€. Accompagné de nombreuses photos originales, il dit tout de Concorde 1, passé de l’anonymat de l’ouvrier consciencieux à la lumière des ors de la république.
Une petite devinette pour terminer : sur le Concorde 1, tel qu’on peut le voir exposé à Aeroscopia, on s’aperçoit que les carénages de servocommandes de l’aile gauche sont tronqués alors qu’ils sont affinés sur l’aile droite (voir ci-dessous). Sachez que l’avion a volé dans cette configuration ! … réponse en page 45 !

© Pascal Chenu