Par Jean-Louis Allègre
Contrôleur technique SATP QN
A l’occasion du 25e anniversaire de l’accident du Concorde, l’APCOS a demandé à celles et ceux qui le souhaitaient de lui envoyer « leur » 25 juillet (*). Le « 25 juillet » de Jean-Louis Allègre est une belle illustration de ce que l’on appelle parfois la « grande famille Concorde ». On peut y voir les relations familières entre intervenants sur Concorde, qu’ils soient navigants ou personnel sol.
Le 25 juillet, je suis contrôleur technique et opère avec Yvon Manager et son équipe de mécaniciens, nous sommes affectés au départ de l’AF 4590. Début de vacation tendu dû à un manque d’approvisionnement d’un moteur de reverse, l’appro parvenu nous montons à l’escale. Les mécanos attaquent le remplacement, l’équipage est à sa prévol, Marcot OPL, Jardinaud OMN.
Des moments calmes, au galley Brigitte me dit dans vingt mois je suis à la retraite je pourrai retourner visiter sans courir des coins que j’adore, voir des amis des connaissances qui me manquent, Virginie me parle de tour du monde qu’elle n’a pas encore fait et qui arrive.
Le remplacement se poursuit montée et descente des mécanos ; sous l’avion nous nous croisons avec le CDB Marty, j’ai participé à sa qualif Concorde à Châteauroux. De bons souvenirs ; il me dit avoir fait de l’escalade la veille à Nice mais pas trop ardue car il est toujours concentré sur le vol du lendemain, le coordo nous rejoint devis de poids au maxi, le CDB : ce sera plein complet avec surplein attention à la masse maxi, les mécanos ont fini leur travail retour au poste.
Essai du moteur reverse tout est OK, le CRM est à remplir, j’indique à l’OMN que suivant la doc il y a un essai reverse à faire pendant le roulage. Jardinaud : le vol est en retard le roulage est court ce sera beaucoup de contraintes tu me lances du pas trop dur…
Passage au galley, la tablette mobile m’est utile pour faire mon écriture, les passagers embarquent, des enfants parmi eux.
Je montre le CRM à Jardinaud, un éclat de rire et en me regardant : à l’école les Jésuites devaient être fier de toi … le CDB est dans sa doc, Marcot se retourne un sourire les yeux qui se plissent, pas besoin de paroles nous nous connaissons depuis des lustres, au revoir à demain bon vol, au revoir.
Le galley est en pleine activité, deux barrettes à cheveux l’une bleu clair la seconde bleu foncé Brigitte, Virginie ? Virginie, Brigitte ? Au revoir à demain, c’est toi demain ? Oui je ferai votre accueil, alors à demain, à demain bon vol.
Je descends la passerelle tranquillement, un mécano est au casque les autres sous l’appareil tout est prêt pour la mise en route.
Le temps est beau, pas de vent, par instant une petite brise …
Un quart d’heure plus tard au loin une colonne de fumée noire me dit que demain ne sera pas demain… JLA
(*) Recueil de témoignages intitulé « 25 juillet 2000, je me souviens ! ».

© Pierre Juin